DEVENIR DECISIONNAIRE SUR UN CHANTIER
Dans le cadre de la formation pour l’obtention du BTS Aménagement Paysager, les étudiants doivent progresser sur plusieurs capacités : prise de décision, organisation, formalisation sous forme de documents normalisés, mise en œuvre, capacité à réagir aux aléas, réajustement permanent pour atteindre des objectifs précis sur un laps de temps déterminé. Cette complexité est abordée au travers de l’organisation d’un chantier durant une semaine par la promotion. Cette année, le recalibrage d’une partie des haies périphériques du jardin de roses de l’école et le curage du bassin aux nénuphars de ce même espace sont au menu des 17 étudiants de la promotion des apprentis de seconde année. Cet exercice de pluridisciplinarité mêle diagnostic préalable, métrés, choix techniques, évaluation des temps d’exécution, choix de l’enchainement des tâches, choix du matériel adéquat, rédaction d’un plan de prévention des risques…
Durant deux séances ayant lieu dans les deux semaines qui précèdent le chantier, les étudiants doivent collectivement réfléchir aux tâches à effectuer sur les deux chantiers menés en parallèle. Estimation des longueurs, volumes de déchets de tonte ou de vase extraite par exemple, temps d’exécution par tâche, outils et machines nécessaires en fonction des options techniques retenues etc.
Cette première étape conduit à l’établissement d’une ébauche de planning des deux chantiers ou la répartition des moyens humains à la journée et à la semaine s’enchainent dans un tableau formalisé. Des fiches de réservation de matériel et d’engins sont alors remplies ainsi qu’un plan de prévention où tous les risques liés aux opérations sont répertoriés. Zone de stockage, plan de circulation provisoire, fermeture d’accès de la zone de chantier, fiches VGP des matériels et engins, attestations valant CACES des étudiants qui conduiront les engins, prennent place dans ce document, qui une fois signé par le responsable du domaine, autorisera l’ouverture du chantier.
La deuxième étape prend forme concrètement dans la mise en œuvre du planning sur la semaine réservée à cet effet dans le plan de formation. Un étudiant prend le rôle de chef d’équipe par chantier. Ce rôle est transmis à un autre étudiant durant la séance de débriefing journalier en fin de journée. Cette réunion permet de formaliser dans une fiche journalière de travaux ce qui a véritablement été effectué et permet aux étudiants de mesurer les écarts entre chantier projeté et chantier réel.
L’efficacité, la prise de conscience de la surestimation de la durée de certaines tâches du planning initial décidé met en lumière leur capacité à dégager du temps. Cette composante de l’organisation est intégrée dès le début du choix du chantier par l’école. Des opérations additionnelles sont alors engagée ou pas. Les étudiants doivent pouvoir prendre la décision s’ils acceptent cette nouvelle tâche de pouvoir l’accomplir durant la semaine. Cette semaine, ils ont pu s’engager dans le remplacement des ajutages du bassin de la roseraie par une lame d’eau en inox tout en prenant compte que le broyage des déchets de tailles de la haie était bien plus long que prévu en raison des très fortes pluies survenue en milieu de chantier. Le BRF obtenu répartie en pied de haie a néanmoins pu être installé. Tous ces évènements perturbent l’organisation prévue initialement de façon très théorique et nécessite des réajustements et des prises de décision permanents.
Au-delà de la détermination, de la persévérance observée chez les apprentis en seconde année de BTS qui ont une expérience de terrain conséquente, les étudiants qui participent à ce type d’exercice prennent conscience qu’ils peuvent désormais procéder à l’analyse de ce qui s’est passé sur le chantier en comparant la réalité vécue aux décisions formalisées dans un planning. Cette analyse va leur permettre d’obtenir de précieux éléments professionnels : Ratios d’exécutions, calibrage précis et réaliste des tâches ; capacité à travailler sur un bilan économique de chantier en exploitant les chiffres utilisés durant l’organisation traduits en coûts.
Il n’est pas toujours facile pour les étudiants d’effectuer ce type de mise en situation complète au sein des différentes structures qui les accueillent en apprentissage. Le chantier école réalisé au sein de l’école, au-delà de permettre à la promotion de travailler ensemble, va révéler d’incontestables aptitudes de certains, mais aussi faciliter la transmission de compétences entre les étudiants. Le sentiment du travail bien fait observable par l’ensemble du personnel et des autres étudiants des divers niveaux de formation crée une émulation collective et un sentiment de fierté sur la capacité à progresser sur des éléments plus complexes de leur profession.
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